Le 4 novembre, c’était la Journée internationale contre le harcèlement en milieu scolaire, y compris le cyberharcèlement. Malheureusement, on considère que plus d’un jeune sur trois serait confronté à du harcèlement ou de la violence au moins une fois lors de sa scolarité. Et la crise sanitaire n’a fait qu’accentuer ce phénomène. En Europe, 44% des jeunes qui étaient déjà victimes de harcèlement avant la crise ont indiqué que le phénomène s’était accentué pendant les confinements. 😞
Plus que jamais, la sensibilisation est vitale afin de lutter contre ce phénomène. Aujourd’hui, nous te proposons donc de lire le témoignage de Jessica, qui a accepté de nous parler de ces années difficiles qui l’impactent encore aujourd’hui. Si jamais tu te retrouves dans la situation qu’elle décrit, parles-en à un adulte proche ou contacte Infor Jeunes. On est là pour t’aider ! ❤️✌️
Bonjour Jessica. Peux-tu nous expliquer quand le harcèlement a commencé et combien de temps cette situation a duré ?
J’ai été harcelée par un groupe de 5 filles qui étaient mes amies. Cela a commencé en 3ème primaire, je devais avoir environ 8 ans et ça a duré jusqu’à la fin de mes primaires, donc 3 ans.
Selon toi, comment la situation de harcèlement a commencé ?
Ces filles étaient d’abord mes amies. Ensuite les choses ont changé. J’étais différente d’elles. J’avais déjà des formes, j’étais en surpoids, je ne portais pas de vêtements de marque et les profs m’adoraient. Elles ont commencé par me laisser seule dans la cour de récréation, ensuite elles m’insultaient, m’enfermaient dans les toilettes et me jetaient même des déchets (peaux de bananes, bouteilles, etc.). Je pensais que les choses allaient se calmer si je ne réagissais pas.
J’étais invitée aux soirées et moi, naïve, je pensais pouvoir faire partie des « populaires », mais pas du tout. Lors d’une soirée, elles m’ont laissée dormir seule sous la tente dans le jardin avec la pluie. Le lendemain matin, j’ai remarqué que je ne pouvais pas en sortir, elles m’avaient enfermée. Mon sac de vêtements avec mes affaires de toilette avait été jeté dans la boue. Et les parents de cette jeune fille disaient à mes parents « que c’était pour rire ».
Jusqu’au jour où tout a pris une autre tournure. Elles ont créé un blog avec des photos de moi et des insultes qui s’est retrouvé sur la totalité des ordinateurs de la salle d’informatique. Cela a bien fait rire les autres élèves qui me pointaient du doigt, mais pas moi.
As-tu parlé à quelqu’un de cette situation ?
Je n’en ai jamais parlé à personne, jusqu’à ce qu’un professeur contacte mon père pour l’histoire du blog. J’avais peur des représailles. J’ai donc décidé de prendre sur moi, de pleurer la nuit et de faire comme-ci de rien n’était le jour. Il m’est arrivé d’avoir des idées noires. Je me mutilais à l’époque. Je pense que certains professeurs se posaient des questions bien avant l’histoire du blog. Un jour, en 3ème, mes parents ont été contactés car j’étais tout le temps seule. Je restais en classe lors des récréations par peur d’avoir des soucis dehors. Mais j’ai répondu que tout allait bien.
Comment la situation s’est-elle terminée ?
Après avoir été contactée par un professeur pour lui expliquer les faits avec le blog, mon père a rencontré le directeur de l’école. Celui-ci n’a pas réellement réagi, il a conseillé à mon père de porter plainte contre ces filles et leurs parents. Mon père a pris contact avec les parents qui ont nié les faits. J’ai demandé à mon père de ne pas porter plainte, je voulais simplement avoir des excuses de la part des harceleuses devant toute l’école et les professeurs, ce qui a été fait. J’ai eu la chance de rencontrer mon premier amour cette année-là, en 6ème. Il m’a aidée à surmonter cela. J’ai aussi eu la chance que cela se soit déroulé en fin d’année. L’entrée en secondaire m’a permis un nouveau départ.
Si tu pouvais revenir en arrière, que ferais-tu que tu différemment ?
Je ne saurais pas vous dire ce que je ferais si je pouvais retourner en arrière. Aujourd’hui, malgré que les années soient passées, je suis toujours blessée. À cause de ces filles, je n’ai pas confiance en moi et je n’aime pas mon corps. Aujourd’hui, elles changent de trottoirs quand elles me croisent. Cela me fait sourire mais j’aimerais qu’elles souffrent comme j’ai souffert.
Et si tu avais un conseil à donner ?
Ne vous laissez pas faire si un jour vous êtes victime de harcèlement, ne laissez personne vous manquer de respect. Surtout ne restez pas seul, il y a toujours une personne de confiance auprès de toi !
Pour les harceleurs sachez une chose : la roue tourne toujours à un moment donné. Avant de harceler une personne, pensez aux conséquences ou imaginez qu’on fasse cela à l’un de vos proches !
Merci pour ce témoignage, Jessica ! 🙂
Si tu es aussi victime de harcèlement, tu peux te rendre dans le centre Infor Jeunes près de chez toi pour en parler. On t’aidera à trouver une solution adaptée à ta réalité. Tu peux également lire la BD « M’harcèle pas », disponible sur www.ijbw.be/mharcele-pas. Elle est pleine d’infos utiles sur le sujet !