Tu as sûrement déjà croisé son visage sur les réseaux sociaux. Raphaël, plus connu sous son pseudo « Raphiquii », est un jeune Liégeois suivi par près de 180.000 personnes sur TikTok et 60.000 personnes sur Insta. Son truc ? Réaliser des défis fous et partager ses expériences en vidéo. En début d’année, il a marché de Liège jusqu’à Rome en 110 jours. Son nouveau défi ? Atteindre l’Arctique à pied ! Il nous parle de ses motivations et de ses meilleurs souvenirs, mais aussi de tous les avantages du voyage au sac à dos. On part à l’aventure !
Salut Raphiquii ! Avant d’entrer dans le vif du sujet, peux-tu nous dire où tu habites et ce que tu fais dans la vie ?
Officiellement, je n’ai pas d’adresse. Ça fait plus d’une année que je suis en voyage. Mais mon père habite à Liège et ma mère à Maubeuge. Mon occupation principale pour l’instant, c’est les réseaux sociaux.
T’as toujours eu envie de voyager seul ? Tu as commencé à quel âge ?
Ça n’était pas forcément une envie. C’est devenu une obligation, dans un sens. Il ne faut pas attendre les gens quand tu veux voyager. Quand c’est toi seul, tu pars plus facilement car tu ne dépends que de toi. Mon premier voyage seul c’était à 18 ou 19 ans. J’ai marché de Liège jusqu’à Bruges en 4 jours.
Tu es actuellement sur la route, mais ça n’est pas ton premier voyage à pied. Peux-tu nous parler de Liège-Rome ?
J’ai fait Liège-Rome aller-retour en 217 jours. Il s’est passé tellement de choses ! J’ai l’impression d’avoir vécu 5 ans en une année. Si je devais retenir un moment épique, c’est la traversée des Alpes en Suisse par la montagne du Simplon. J’ai rencontré un monsieur qui a voulu monter la montagne avec moi donc j’étais accompagné. Au début, on pensait que ça allait être facile, bouclé en une heure et demi. Au final, ça nous a pris 6 heures. À certains moments on avait de la neige jusqu’aux genoux. C’était vraiment un challenge. Arrivé en haut, c’était la meilleure sensation du monde.
Tu es à nouveau sur la route, pour un projet fou : rejoindre l’Arctique à pieds. La distance à parcourir ne te fait pas peur ? Tu n’as jamais mal aux pieds ?
Je suis désormais un marcheur avec une bonne expérience. Et j’avais envie d’expérimenter les grands froids ! L’idée est venue au hasard, en regardant des endroits dans le monde sur Google Maps. De Liège jusqu’en Arctique, ça doit être un peu plus de 4.000 km de marche. C’est à peu près l’équivalent de Liège-Rome aller-retour donc… Est-ce que la distance me fait peur ? oui et non.
C’est énorme, mais je ne marche pas tout car je veux arriver là-bas en période hivernale. Or, ça aurait nécessité de démarrer en juin de Belgique. Donc j’ai fait de l’autostop de Liège jusqu’en Lituanie et j’ai commencé la marche là-bas, ce qui fait 2000km à parcourir. Ça parait énorme dans la globalité, mais quand tu regardes les 30 km que tu vas parcourir demain ça te semble faisable. Même dans la vie de tous les jours, il faut toujours avancer pas après pas.
J’ai mal au pied quotidiennement, mais ce sont des douleurs que je connais. Je prends bien soin de mes pieds, je mets de la vaseline, du talc… il y a plein de petites techniques !
Qu’est-ce qui t’as poussé à te lancer dans une telle aventure ? Et pourquoi tu diffuses ton périple sur les réseaux sociaux ?
Au début c’était juste un challenge avec mon frère. Je voulais faire quelque chose de différent. On a marché jusqu’en France pendant trois jours et on a partagé ça sur Snapchat. Tout le monde était en mode « waw » et ça a fait un petit buzz. La deuxième marche, c’était différent. Je venais de vivre une rupture avec ma petite amie et je suis parti marcher seul pour me changer les idées de Liège à Bruges.
Après ça, je me suis dit « p***** je suis capable de marcher de longues distances ». Liège-Bruges, je n’ai pas trop partagé sur les réseaux. Mes deux premières marches étaient très éprouvantes mentalement et physiquement car j’avais pas d’expérience : pied qui saignait, sac qui me rentrait dans la peau, plaques de boutons sur les épaules… C’était dur !
Après ça, je suis parti marcher Liège-Paris en 14 jours. Et c’est là que j’ai dormi pour la première fois chez un inconnu. J’ai trouvé ça génial de dormir chez quelqu’un que je ne connaissais pas. J’avais pas beaucoup d’argent pour manger donc j’ai commencé à toquer chez les gens pour essayer de trouver à manger. J’ai fait de plus en plus de rencontres. On se retrouvait dans des repas familiaux, des anniversaires… c’était incroyable. J’ai commencé à rencontrer beaucoup de monde.
Et puis j’ai fait Liège-Rome sans argent. L’objectif était vraiment d’aller chez les locaux, de débarquer dans les villages paumés, et c’est là que ça a vraiment commencé à devenir une expérience sociale et que j’ai commencé à être beaucoup suivi sur les réseaux.
Ce qui m’a poussé aussi c’était l’école. J’étais dans une situation précaire, c’était la fin du Covid, j’étais perdu, j’aimais pas ce que je faisais, je savais pas ce que j’allais faire de ma vie. J’ai quasiment arrêté l’école en me disant que je pourrais tenter de devenir influenceur. Et je suis toujours en train de tenter de le devenir, ça me tient à cœur, c’est pour ça que je partage tous mes périples sur les réseaux.
Avec mon réseau, j’arrive à motiver des gens à partir voyager donc c’est génial. Et je montre que partout où j’ai voyagé, j’ai réussi à trouver des gens biens, des endroits où dormir tous les soirs, juste grâce à la bienveillance des gens.
Tu es beaucoup suivi sur les réseaux sociaux. Qu’est-ce qui explique, selon toi, qu’il y ait tant de personnes qui suivent ton aventure sur les réseaux ?
En Belgique, je suis un influenceur suivi. Mais à Paris, je suis une goutte d’eau. Je fais mes vidéos comme si je parlais à des amis dans des stories Snap. Je fais tout de manière spontanée. Je ne mens jamais, je partage comme ça vient. C’est peut-être ça qui fait que les gens me suivent. Et puis il y a tous ceux qui veulent partir en mode freestyle comme moi.
Les gens pensent que je cherche le buzz, mais ça n’est pas ça. Même quand j’ai battu le record du monde du nombre d’heures assis sur des toilettes, je m’étais lancé parce que j’avais juste envie de le faire.
Est-ce que ce sont des voyages qui te coutent cher ? Quel est ton budget ?
Je suis pas du genre à préparer un budget. Je ne sais même pas combien j’ai aujourd’hui sur mes comptes. Mais je sais que je n’ai pas assez d’argent pour un billet retour… Mes voyages peuvent être faits gratuitement. Il faut juste se lancer en mode déter’, et tu trouveras toujours un endroit où manger. Et pour marcher, t’as juste besoin de tes jambes et d’une bonne santé. J’ai traversé la Belgique, l’Allemagne, la Pologne, la Lituanie, La Lettonie avec moins de 15€ et l’argent que j’ai dépensé c’était pour offrir un café et une soupe à quelqu’un. Le fait de voyager sans argent te force aussi à faire des rencontres puisque tu es forcé de trouver quelqu’un chez qui dormir et manger. Voyager au sac à dos en mode freestyle c’est une expérience sociale.
Sur le plan humain, est-ce que le voyage au sac à dos est une bonne manière de rencontrer des gens ? Quelle est ton (ou un de tes) meilleur.s souvenir.s de rencontre sur la route ?
Voyager au sac a dos, ça ne veut pas forcément dire que tu vas rencontrer les gens. En vrai, si tu n’abordes pas toi même les gens, très peu vont t’aborder. Si t’es quelqu’un d’ouvert et que t’aimes parler aux gens, tu peux aborder n’importe qui dans la rue en étant tranquille et ouvert. Avant, j’étais timide et introverti. On m’a conseillé de parler à des inconnus dans le train. Je l’ai fait, et l’idée de partir marcher m’est d’ailleurs venue d’un inconnu dans le train ! La marche m’a aidé à sortir de cette timidité. Quand je me suis retrouvé obligé de trouver à manger, je me suis forcé à aller vers les gens.
Il y a beaucoup de gens que j’ai rencontré qui sont devenus des amis, je sais que je peux retourner là quand je veux. Une femme en particulier m’a marqué. Je l’ai rencontrée en France à Thann. Claude. Elle m’a accueillie chez elle, m’a donné à manger et un endroit où dormir. J’ai beaucoup parlé avec elle et le feeling était grave bien. Elle avait toujours le sourire, la joie de vive. Or, j’ai appris par la suite qu’elle avait un cancer et que sa maladie prenait le dessus, qu’elle pouvait en décéder.
Comment fais-tu pour dormir le soir ? Est-ce qu’il t’est arrivé de dormir dans des endroits bizarres/ insolites ?
J’ai dormi dans beaucoup d’endroits insolites. Pour Liège-Rome, j’avais ma tente et je pouvais la poser dans des champs, des forets… Mais en Italie j’ai dormi une nuit dans un ancien égout. C’était pas le luxe. J’ai dormi dans une écurie en Suisse sous une tempête de neige. J’ai aussi dormi dans une écurie abandonnée en Lituanie. J’ai aussi eu la chance de dormir dans une caserne de pompier, dans des églises…
Tu t’es déjà senti en danger dans certaines situations ?
Oui, souvent. Par exemple, en marchant sur des routes où les voitures roulent très vite avec des tournants serrés. S’il devait m’arriver quelque chose, le plus probable serait que je me fasse renverser. Mais j’ai déjà aussi eu peur en marchant dans des forêts quand il fait tout noir, où tu ne vois que des yeux d’animaux au loin… L’imagination joue beaucoup.
J’ai déjà eu peur avec des gens chez qui je dormais, que je trouvais louches. Mais ça reste souvent de l’imagination. Une fois, quelqu’un a failli me frapper juste parce que je suis noir. J’ai toqué chez la personne et ça ne lui a pas plu. Il y a des moments intenses, mais le plus souvent c’est l’imagination qui travaille. Le monde, en Europe, n’est pas si dangereux et méchant que ça.
Un tout grand merci pour ton témoignage, Raphiquii ! 😊
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