Céline Alvarez ou l’infiltrée qui voulait faire la révolution dans les écoles

8 novembre 2016 (Modifié le 24 juillet 2018) Interne

Après avoir démissionné de l’école, la diffusion de ses méthodes d’enseignement sont ovationnées par certains, et décriées par d’autres. A l’école maternelle Jean-Lurçat de Gennevilliers (Haut-de-Seine, France), concours de l’enseignement en poche, elle avait entrepris de croiser la Méthode de pédagogie Montessori avec la recherche en sciences cognitives entre 2011 et 2014. Elle a depuis écrit un livre, best-seller « Les lois naturelles de l’enfant », et tient un site où ses enseignements peuvent être reproduits.

 

Son livre, qui présente sa méthode comme LA solution miracle aux problèmes de scolarité actuels est saluée par les uns, du fait des résultats qu’elle avait obtenu. Mais d’autres lui reprochent de s’être essentiellement basée sur l’approche d’apprentissage Montessori et les neurosciences. Et surtout lui reprochent ses critiques des approches pédagogiques actuelles sans prendre la peine de référencer les dernières évolutions en matière d’enseignement, notamment les recherches d’Antoine Savoye.

Reste que ses travaux ont abouti à des résultats éblouissants. Des enfants de maternelle, issus de milieux défavorisés terminent en avance d’une, deux, voire trois années d’école. Les enfants deviennent plus autonomes, ont des relations sociales apaisées, maîtrisent la lecture avec un ou deux ans d’avance, maitrisent les additions et soustractions de nombres à 4 chiffres, sans effort.

Le projet, abandonné au bout de trois ans, a laissé un grand vide pour les parents de l’école en question. Et ravive finalement les critiques de la façon dont le projet a été amené à Gennevilliers. L’institutrice avait en effet reçu l’aval du Ministère pour s’installer dans une école défavorisée sans même que l’école, la ville ou les inspecteurs de la circonscription ne soient mis au courant de son projet.

Comme Richard Merra, 8ème adjoint à l’enseignement primaire et maternel de la ville de Gennevilliers le dit, son projet ne pouvait qu’être mal accueilli, car elle bousculait un ordre établi. « Et l’idée d’envoyer une institutrice isolée dans une école au fonctionnement traditionnel crée des tensions, notamment parce qu’elle ne partageait pas les tâches avec ses collègues, puisqu’elle n’avait pas le même rythme qu’eux, pour les récréations par exemple. »(3)

Comme le dit si bien l’adage, Rome ne s’est pas construite en un jour. Et pour changer tout un système éducatif, que ce soit en France ou ici, en Belgique, ce ne sont pas que les lois naturelles de l’enfant qui sont en première ligne de décision, mais bien les lois budgétaires et stratégiques (former les enseignants, privilégier les petites classes). Au milieu de cette question finalement politique, trouver un juste milieu nous semble donc prioritaire.

(1) CELINE ALVAREZ, LES LOIS NATURELLES DE L’ENFANT, Broché, 31 août 2016

(2) https://www.celinealvarez.org/

(3) http://www.lettreducadre.fr/10202/pourquoi-linstitutrice-celine-alvarez-na-t-elle-pas-reussi-son-experience-a-lecole/

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